LES DAMES DE MEUSE
Un jour, le pape Urbain qui était champenois,
Appela les manants, chevaliers et bourgeois
A porter haut la croix, au nom de « Dieu le veut »
Pour aller guerroyer, conquérir les Saints Lieux.
Une ardeur sans pareille s’empare de tous chrétiens
Confiant à leurs épouses, la garde de leurs biens.
Les chevaliers Vauthier, Héribrand et Geoffroy
S’acquitteraient du devoir que leur dictait la foi.
Chevaliers de l’Ardenne, où Godefroy de Bouillon
Exhortait les fidèles et nobles de renom,
Ils quittèrent le château dominant le village
De Hierges, accompagnés de tout leur équipage.
Leurs épouses regardent de la plus haute tour
Le cœur plein de tristesse s’éloigner leurs amours.
Elles ont juré d’attendre tout le temps nécessaire
Le retour des époux s’en revenant de guerre.
Et Hodierne, Berthe et Iges, car tels étaient leurs noms,
Se morfondaient là- haut, tout en haut du donjon.
Si bien que messagers portant lettres d’amour
N’étaient mieux accueillis que simples troubadours.
Ainsi les jours passèrent, monotones et sans joie,
Plus de chasses ni de fêtes, plus de rires qui parfois
Résonnaient dans les salles, les chambres et les allées,
Et mettaient tous en joie en de radieuses journées.
La venue d’un jongleur qui avait bien tenté
De distraire les dames par de très tendres lais,
Fut jugée importune, et il fut éconduit
Par les dames attendant le retour des maris.
La venue d’un jongleur qui avait bien tenté
De distraire les dames par de très tendres lais,
Fut jugée importune, et il fut éconduit
Par les dames attendant le retour des maris.
Mais il advint qu’un jour, trois jeunes chevaliers
Dont les bras étaient faibles au maniement d’épée,
(C’est du moins ce qu’ils dirent aux épouses esseulées)
Arrivèrent au château. Ne furent point refoulés
Car ils venaient de loin et semblaient fatigués.
Les jeunes gens sont beaux et savent bien parler.
Ils ont des harpes et vielles et savent en jouer.
Les hôtesses bientôt retrouvent la gaieté
Et sans penser à mal, offrent hospitalité.
Elles acceptent cadeaux, poèmes et compliments
Qui flattent leur beauté ; oubliant le serment
Qu’elles ont fait aux époux il y a bien longtemps,
Elles s’abandonnent enfin dans les bras des amants.
C’est au petit matin, constatant le départ
Des jeunes jouvenceaux, qu’elles comprirent trop tard
Que de la trahison dont elles étaient coupables,
Elles devraient toutes expier pour l’acte impardonnable.
En apprenant la mort des époux au combat,
Alors qu’elles se livraient aux coupables ébats,
Elles surent que désormais la tardive repentance
Ne pourrait éviter une divine sentence.
Elles durent donc s’en aller du lieu du déshonneur
En amont de la Meuse, témoin de leur malheur.
Elles se tiennent courbées sous le poids du péché
Leurs pieds touchant le fleuve, toutes trois accolées.
La nature rédemptrice voulut- elle en créant
Ce site majestueux en Meuse se reflétant
Faire naître la légende de ces trois infidèles
Que l’on peut admirer depuis l’eau jusqu’au ciel ?
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